Quantcast
Channel: Sanctions – Le Saker Francophone
Viewing all articles
Browse latest Browse all 193

Le graphique qui, à lui seul, explique tout

$
0
0

Par Mike Whitney − Le 3 novembre 2022 − Source Unz Review

Examinez ce graphique. Il explique tout.

Il explique les profondes préoccupations entretenues par Washington vis-à-vis de la croissance explosive de la Chine. Il explique pourquoi les États-Unis continuent à terrifier la Chine au sujet de Taïwan de la Mer de Chine du Sud. Il explique pourquoi Washington envoie des délégations du Congrès à Taïwan au mépris des demandes explicites formulées par Pékin. Il explique pourquoi le Pentagone continue d’envoyer des navires de guerre étasuniens dans le détroit de Taïwan et expédie des quantités considérables d’armes mortelles à Taipei. Il explique pourquoi Washington constitue des coalitions contre la Chine en Asie, visant à encercler et provoquer Pékin. Il explique pourquoi l’administration Biden intensifie sa guerre commerciale contre la Chine, impose de lourdes sanctions économiques aux entreprises chinoises, et interdit les semi-conducteurs de haute technologie qui sont « essentiels… à pratiquement tous les aspects de la société moderne, des produits électroniques et des transports jusqu’à la conception et à la production de tous types de produits. » Il explique pourquoi la Chine a été ciblée par la Stratégie de Sécurité Nationale étasunienne (NSS) comme « le seul pays concurrent présentant aussi bien le dessein que, de plus en plus, la capacité de remodeler l’ordre international. » Il explique pourquoi Washington considère désormais la Chine comme son adversaire stratégique le plus important et le plus formidable, qu’il convient d’isoler, de diaboliser et de vaincre.

Le graphique ci-avant explique tout, pas uniquement les coups diplomatiques hostiles ourdis pour ternir l’image de la Chine et l’humilier, mais également les politiques ouvertement belligérantes qui visent la Russie. Il faut que les gens comprennent ce point. Il faut qu’ils comprennent ce qui se produit réellement pour visionner les événements dans le réel contexte géopolitique.

Et quel est ce « contexte » ?

Le contexte d’une Troisième Guerre Mondiale ; une guerre qui a été soigneusement planifiée, fomentée et (désormais) poursuivie par Washington et par ses mandataires. C’est cela qui se produit réellement. Les conflagrations de plus en plus violentes que nous voyons surgir en Ukraine et en Asie ne résultent pas d’une « agression russe » ni de la volonté d’un « Poutine diabolique ». Non. Elles concrétisent une stratégie géopolitique sinistre visant à casser la montée météorique de la Chine, et à préserver le rôle dominant des États-Unis dans l’ordre mondial. Y a-t-il matière à en douter ?

Non. Pas du tout.

C’est pour cela que nous assistons à une nouvelle division du monde en blocs belligérants. C’est pour cela que nous assistons à un retour en arrière sur 30 années de globalisation, et à des perturbations massives sur les chaînes d’approvisionnement. Et c’est pour cela que l’Europe est poussée bille en tête dans une obscurité glaciale et une désindustrialisation forcée. L’ensemble de ces politiques suicidaires a été imaginé dans un seul but : maintenir la position exaltée des États-Unis dans le système global. C’est à cette fin que l’ensemble de l’humanité se retrouve aujourd’hui entraînée dans une Troisième Guerre Mondiale ; une guerre conçue pour empêcher la Chine de devenir la plus grande économie au monde ; une guerre conçue pour préserver la suprématie des États-Unis sur le monde. Prenez connaissance de cet extrait d’un article du site internet World Socialist Web Site :

Un article du Financial Times, écrit le 19 octobre par Edward Luce sous le titre « Endiguer la Chine est l’objectif explicite de Biden », a émis l’alarme qui suit : « Imaginez qu’une superpuissance déclare la guerre à une grande puissance et que nul ne s’en aperçoive. Joe Biden a lancé ce mois-ci une véritable guerre économique contre la Chine — engageant en pratique les États-Unis à bloquer la montée de la Chine — et dans l’ensemble les Étasuniens n’ont pas réagi.

« Assurément, la guerre de la Russie en Ukraine, et l’inflation intérieure suffisent à capter l’attention des gens. Mais l’histoire va probablement se souvenir de la décision prise par Biden comme moment clé de la révélation de la rivalité entre les États-Unis et la Chine. »

Qui plus est, la semaine dernière, un haut-dirigeant de l’administration Biden a indiqué que les États-Unis préparaient de nouvelles interdictions sur les activités de haute technologie de la Chine. S’exprimant face au Center for a New American Security, Alan Estevez, sous-secrétaire au Commerce pour l’Industrie et la Sécurité, s’est vu poser la question de savoir si les États-Unis allaient interdire à la Chine l’accès à l’informatique quantique, aux biotechnologies, aux logiciels d’intelligence artificielle ou aux algorithmes avancés. Estevez a reconnu que ces points étaient activement en cours de discussion. « Allons-nous finir par faire quelque chose dans ces domaines ? Si je devais miser là-dessus, je le ferais, » a-t-il déclaré…

Luce termine son article dans le Financial Times cité ci-avant en déclarant : « Est-ce que le pari de Biden va fonctionner ? Je ne me délecte pas de la perspective de le découvrir. Pour le meilleur ou pour le pire, le monde vient de changer, pas dans une explosion, mais dans un gémissement. Espérons que l’on va en rester là. »… (« Biden’s technology war against China« , World Socialist Web Site)

Examinons encore le graphique. Qu’est-ce qu’il nous dit ?

La première chose qu’il met en évidence est que les hostilités auxquelles nous assistons en Ukraine (et en fin de compte à Taïwan) sont apparentées à un basculement fondamental de l’économie globale. La Chine continue de gagner en puissance. Elle est sur la voie de prendre le pas sur l’économie étasunienne dans la décennie qui vient. Et la croissance amène certains bénéfices. En tant que première économie au monde, la Chine deviendra de manière naturelle la puissance dominante régionale de l’Asie, et sera en mesure « de régler les différends régionaux selon ses intérêts propres, et de délégitimer la primauté des États-Unis tant sur le plan régional que mondial. »

Est-ce que vous voyez le problème qui se pose ?

Depuis presque vingt ans, les États-Unis ont orienté leur politique étrangère suivant une stratégie de « rééquilibrage des forces » dénommée« pivot vers l’Asie ». En bref, les États-Unis comptent être l’acteur dominant dans la région du monde la plus peuplée et la plus prospère, l’Asie. Distinguez-vous en quoi la montée de la Chine fait capoter le projet de Washington pour l’avenir ?

Les États-Unis ne vont pas laisser les choses se passer ainsi sans combattre. Washington ne va pas laisser la Chine monter en puissance sur les marchés qu’elle projette de dominer elle-même. Cela ne va pas se produire. Et si vous pensez que cela peut se produire, vous feriez bien de reconsidérer la question. Les États-Unis vont préférer entrer en guerre pour empêcher un scénario suivant lequel les États-Unis joueraient un « second rôle » après la Chine. De fait, les décideurs de la politique étrangère ont déjà statué : les États-Unis vont s’en prendre militairement à la Chine dans cet objectif précis.

Notre thèse est donc simple : nous pensons que la Troisième Guerre Mondiale a déjà commencé. C’est ce que nous affirmons. Les bagarres auxquelles nous assistons en Ukraine ne constituent guère que la première salve d’une Troisième Guerre Mondiale qui a déjà déclenché une crise énergétique sans précédent, une insécurité alimentaire massive à l’échelle mondiale, une rupture catastrophique des chaînes d’approvisionnement mondiales, une inflation hors de contrôle généralisée, la ré-émergence solide d’un nationalisme extrême, et à la re-division du monde en blocs belligérants. Avez-vous besoin d’autres preuves ?

Tout ceci est économique. Les origines de ce conflit remontent toutes aux changements sismiques dans l’économie globale, à la montée de la Chine et au déclin inévitable des États-Unis. C’est un empire qui prend la place d’un autre. Il est naturel qu’une transition de cette magnitude promette de générer des changements tectoniques dans la distribution globale des puissances. Et ces changements vont apporter leurs lots de poudrières, de dévastations, ainsi que la perspective imminente d’une guerre nucléaire. Et c’est exactement ainsi que les choses se déroulent en ce moment.

Alors, en quoi ce graphique explique-t-il ce qui se produit en ce moment en Ukraine ?

La guerre par mandataire interposé pratiquée par Washington en Ukraine vise en réalité la Chine, pas la Russie. La Russie n’est pas un concurrent à la hauteur des États-Unis, et ne dispose pas de ressources économiques suffisantes pour ébranler le positionnement des États-Unis dans l’ordre global. Pour autant, Nord Stream constituait un risque significatif pour les États-Unis, en renforçant considérablement les relations économiques de Moscou avec l’UE et surtout avec l’Allemagne, la locomotive industrielle de l’Europe. Il fallait saboter l’alliance Moscou-Berlin — qui était bénéfique aux deux parties et qui était la clé de la prospérité allemande — pour empêcher une intégration économique plus poussée qui aurait rapproché les continents en une zone de libre échange les plus grandes au monde. Washington devait y mettre fin pour préserver son emprise économique sur l’Europe et défendre le statut de monnaie de réserve mondiale du dollar. Pour autant, personne ne s’attendait à ce que les États-Unis fassent sauter directement les gazoducs, au travers de ce qui apparaît comme la plus importante action terroriste industrielle de toute l’histoire. Cette action a vraiment été choquante.

Fondamentalement, Washington considère la Russie comme un obstacle à son projet de « pivot » visant à encercler, isoler et affaiblir la Chine. Mais la Russie n’est pas la plus grande menace envers l’hégémonie globale des États-Unis ; et loin s’en faut. C’est la Chine qui est considérée comme telle.

La Troisième Guerre Mondiale est lancée pour endiguer la Chine, pas la Russie. La guerre en Ukraine suggère que — au sein des élites de la politique étrangère — on est relativement d’accord pour penser que la route vers Pékin passe par Moscou. Cela semble constituer le consensus [NdSF : cela peut constituer le consensus avec un pouvoir Démocrate ; la position des Républicains peut apparaître différente sur ce point précis, sans remettre en cause la cible que constitue la Chine. On va bien voir ce que donnera le « rééquilibrage des pouvoirs » aux États-Unis à l’issue des élections de novembre 2022.] En d’autres termes, les hommes d’influence étasuniens veulent affaiblir la Russie pour établir des bases militaires étasuniennes en Asie. Finalement, on fera appel à l’armée pour mettre en œuvre le joug économique de Washington sur ses nouveaux sujets asiatiques. Si cela arrive un jour.

Nous estimons qu’il est fort peu probable que le projet ambitieux de Washington puisse réussir, mais nous n’avons aucun doute quant au fait qu’il sera malgré tout mis sur les rails. Il est probable que des dizaines de millions de personnes vont mourir dans une tentative désespérée de renverser le cours du temps qui amène à la fin du « moment unipolaire » fugace, et au tout aussi bref siècle américain. C’est une tragédie qui dépasse l’entendement.

Traduit par José Martí, relu par wayan, pour le Saker Francophone


Viewing all articles
Browse latest Browse all 193

Trending Articles