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Omar a accompli sa mission, Omar peut disposer

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Par Gilad Atzmon – Le 29 mars 2016 – Source gilad.co.uk

«Le nègre a accompli sa tâche, le nègre est libre de ses mouvements» 1 est une expression raciste assez courante en Israël. Le ministre de l’Intérieur israélien Aryeh Deri a déclaré hier sur Ynet : «Omar Barghouti utilise des droits qui lui ont été donnés par Israël pour les retourner contre Israël dans le monde entier.»

Deri était l’un des quatre ministres à participer à la session de questions et réponses d’une conférence anti-BDS qui s’est tenue à Jérusalem. Selon la loi, les Palestiniens du monde entier ne peuvent pas retourner en Palestine. Mais Omar Barghouti a accompli l’impossible. Deri a déclaré qu’«Omar Barghouti est né au Qatar et a reçu le statut de résident (en Israël) en 1994 après s’être marié à une femme israélienne originaire d’Acre, et après avoir déclaré que sa vie était en Israël».

Il semble que Barghouti ait profité de libertés que les autres Palestiniens, voire des citoyens israéliens eux-mêmes, ne peuvent qu’espérer obtenir un jour. Non seulement il a été autorisé à retourner en Palestine, à vivre à Ramallah, mais il a également été autorisé à se déplacer librement entre Israël et la Palestine. Il a voyagé dans le monde entier pour faire campagne contre l’occupation israélienne. Il a étudié à l’Université de Tel Aviv, pour ensuite appeler le reste du monde à boycotter cette université. Étrangement, Omar Barghouti a prouvé qu’Israël était un pays tolérant.

Le ministre Deri a déclaré : «Il [Barghouti] a joui des mêmes droits que les citoyens (israéliens) et a profité des largesses de notre État éclairé pour nous décrire comme l’état le plus horrible du monde

La vérité est évidente. Les politiciens israéliens de droite étaient parfaitement au courant des activités d’Omar Barghouti depuis le début. Israël a autorisé Omar Barghouti à voyager dans le monde pour condamner l’occupation israélienne. Israël l’a laissé faire car depuis le tout début, le mouvement BDS (Boycotter, Désinvestir, Sanctionner) est un mouvement d’opposition sous contrôle de l’État israélien.

Pour Israël, BDS procure la façade idéale derrière laquelle la droite israélienne peut combattre (la gauche). Au lieu de militer pour un droit au retour des Palestiniens, qui a un vrai fondement éthique et qui est appuyé par des résolutions de l’ONU, le mouvement de solidarité (pro-palestinien, de la gauche israélienne ) a été réduit à un débat interne au sein de la communauté juive sur un droit de participer au BDS. Au lieu de s’attaquer à la grave crise des réfugiés palestiniens en Syrie et au Liban, nos militants dévoués à la solidarité ont préféré se rassembler autour de leurs épiceries de quartier pour protester contre le gefilte fish made in Israel.

Mais qu’a donc du lâcher Barghouti en contrepartie de ces libertés de militer contre Israël? A peu près toutes ses revendications du début. En 2005, la première revendication du BDS était que Israël «cesse son occupation et la colonisation de toutes les terres arabes, et démantèle le Mur». Ceci constituait une contestation claire et courageuse de la légitimité de l’existence de l’État hébreu.

Puis à un moment, la revendication première du BDS fut radicalement modifiée, pour aujourd’hui demander à Israël de «cesser l’occupation et la colonisation des terres arabes occupées en juin 1967, et de démanteler le Mur».

Comment cette modification fut-elle adoptée? Quel fut le protocole suivi pour justifier ce changement de position qui se fait au détriment du plus précieux des principes palestiniens, à savoir les frontières de 1948? Qui a décidé de faire du mouvement BDS un instrument de légitimation de la modification des frontières israéliennes entre 1947 et 1967? Ceux qui connaissent bien les arcanes du mouvement BDS pointent tous leur doigt vers Omar Barghouti, et les preuves sont irréfutables.

La première preuve de la modification de l’objectif premier du BDS apparait en page 6 du livre d’Omar Barghouti, Boycotter, Désinvestir, Sanctionner, publié le 26 mai 2011.

Boycott Divestment Sanctions, par Omar-Barghouti, page 6

En 2011-2012, au moment où l’appel pour le Droit au Retour des Palestiniens commençait à prendre de l’ampleur, Omar Barghouti modifia l’objectif premier du mouvement BDS en un texte pro-sioniste. Pourquoi? Et pourquoi les Palestiniens l’ont-ils laissé faire? En fait, l’objectif premier du mouvement BDS fut modifié seulement dans sa version anglaise, pour apaiser les soi-disant juifs anti-sionistes. Le texte ne fut jamais traduit en arabe. Ce fut fait dans le dos du peuple palestinien, à l’encontre de ses intérêts.

Alors pourquoi ces jérémiades israéliennes à propos du BDS? Pourquoi menacer de révoquer le statut de résident en Israël d’Omar Barghouti? «Le nègre a accompli sa tâche, le nègre est libre de ses mouvements.» Les Israéliens sont connus pour cela: ils ne sont jamais solidaires de leurs collaborateurs et partenaires. Les milices maronites du sud-Liban ont été abandonnées à leur sort lorsque les forces armées israéliennes ont quitté le Liban. Israël trahit régulièrement ses collaborateurs palestiniens. Cela démoralise les Palestiniens et leur donne le sentiment d’être vulnérables et d’avoir été infiltrés.

Du point de vue d’Israël, Barghouti offre une situation gagnante à tous les coups. Israël déclare au monde «on laisse entrer ce Palestinien chez nous, et il se retourne contre nous». Ainsi, Israël menace de révoquer son statut de résident. Imaginons qu’une telle action provoque une condamnation de la communauté internationale, et qu’Israël accepte de revoir sa position et ne révoque pas le statut de résident de Barghouti. S’il agissait de la sorte, Israël passerait aux yeux du monde pour un État éclairé et tolérant.

J’espère que le mouvement de libération palestinien puisse un jour être dirigé par de féroces tacticiens et des combattants pour la liberté, au lieu d’être confié à de maladroits activistes ethniques qui sont incapables de penser au-delà de la notion de palissade.

Gilad Atzmon

Traduit par Laurent Schiaparelli, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker francophone

Liens

  1. Dans le dicton israélien « הכושי עשה את שלו, הכושי יכול ללכת » le mot nègre (כושי) fait précisément référence à un esclave noir.

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